Syphilis

La syphilis est une maladie vénérienne, infectieuse et contagieuse, due au tréponème pâle. Elle se manifeste par un chancre d'origine et par des atteintes viscérales et nerveuses tardives, certaines manifestations survenant plusieurs années après.



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Infection bactérienne - Bactériologie - Infection en dermatologie - Maladie sexuellement transmissible - Tréponématose

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Définitions :

  • La syphilis est une maladie sexuellement transmissible, causée par une bactérie : Treponema pallidum.... (source : interpharma)
Le tréponème pâle, agent de la syphilis.
Symptôme de la syphilis

La syphilis (vulgairement nommée vérole, ou mal napolitain) est une maladie vénérienne, infectieuse et contagieuse, due au tréponème pâle. Elle se manifeste par un chancre d'origine et par des atteintes viscérales et nerveuses tardives, certaines manifestations survenant plusieurs années après.

Le tréponème pâle a été identifié par Fritz Schaudinn et Erich Hoffman à Berlin en 1905.

Appellations

Les différentes appellations du nom en Europe montrent bien le cheminement de la progression de la première épidémie.

Spécificité (terme médical)  :

Histoire

Poster du gouvernement américain pronant un traitement rapide de la syphilis.

Les origines de la syphilis ne sont pas connues. Pendant longtemps, la théorie qui a prévalu était que la maladie avait été apportée du Nouveau Monde dans l'Ancien à l'occasion du premier voyage de Christophe Colomb. Cette théorie semble actuellement remise en question. En 1963, Hackett propose une théorie selon laquelle, le tréponème pâle provient d'un autre tréponème, le Treponema caracteum ayant aussi génèré le Treponema pallidum sub species endemicum aussi appelé béjel.

Cependant, Hippocrate semble avoir fait la description de la forme tertiaire de la maladie. Des recherches archéologiques semblent indiquer que la maladie était présente dans la ville grecque de Métaponte en Italie au VIe siècle av. J. -C. Qui plus est , la découverte à Pompéi de dents présentant des cannelures, déformations caractéristiques d'enfants infectés durant la grossesse par leur mère atteinte de la maladie, paraît confirmer cette antériorité.

Cependant, la preuve la plus marquante de la présence de la syphilis dans l'Europe médiévale a été trouvée lors des fouilles du monastère augustinien datant du XIIIe siècle et XIVe siècle dans le port de Kingston-upon-Hull au nord-est de l'Angleterre.

À cette époque, Kingston-upon-Hull était le deuxième port principal d'Angleterre après Londres et une ville portuaire à vocation mondiale. Son monastère, comme énormément d'autres, fut détruit sur ordre d'Henri VIII en 1539, suite à la réforme anglicane.

Les deux tiers des squelettes mis au jour au cours des fouilles présentent des déformations osseuses typiques du troisième stade de la maladie. On découvre ces marques caractéristiques surtout sur les squelettes inhumés au plus près de l'autel, ce qui veut dire que les riches donateurs du monastère, les membres de la classe privilégiée de Kingston-upon-Hull, étaient parmi les personnes touchées par la maladie. La datation au carbone (aujourd'hui controversée) confirmerait que ces squelettes ont été enterrés au cours de la période active du monastère, ce qui s'accorde difficilement avec la théorie américaine[1].

Avant ces découvertes récentes, on considérait que la syphilis avait fait son apparition en 1494 à Naples et qu'elle y avait été apportée par des marins espagnols de l'équipage de Christophe Colomb qui participaient à une campagne militaire de Charles VIII.

Une publication de début 2008 redonne un fort crédit à l'hypothèse de l'origine américaine [1]. Elle se base sur l'étude génétique de différentes souches de sous-espèces de Treponema pallidum. Il semblerait que le plus proche «parent» de Trepomnema pallidum sous-espèce pallidum (T. pallidum pallidum) (agent de la syphilis) soit la souche américaine de Treponema pallidum sous-espèce pertenue (T. pallidum pertenue) (agent d'une tréponématose cutanée, le pian ou yaws, transmissible par simple contact cutané, par conséquent non vénérien). L'explication retenue par les auteurs serait que T. pallidum pertenue serait liée à l'espèce humaine depuis la naissance même de l'homme (des tréponèmes simiens sont particulièrement proches de cette souche). Cette sous-espèce aurait migré avec l'homme à travers le monde et aurait présenté quelques mutations. Les compagnons de Christophe Colomb auraient rapporté cette souche en Europe et , lors de ce transfert sur un hôte nouveau, pour une raison inconnue, une dernière mutation aurait transformé son pouvoir pathogène et son mode de transmission et , ainsi, aurait produit T. pallidum pallidum, agent de la syphilis.

Si on considère que le pian peut entrainer des lésions osseuses avec déformations, ce nouvel apport n'est pas nécessairement en contradiction avec les précédentes constatations.

Selon les pays, elle est nommée «mal de Naples», «mal des Anglais», «mal des Français». Personne ne veut en revendiquer la paternité. Elle n'épargne pas leurs royales altesses François Ier et Charles Quint.

Le nom de syphilis est utilisé pour la première fois par Girolamo Fracastoro en 1530 dans son œuvre «Syphilis sive de morbo gallico», où il décrit l'histoire allégorique d'un berger appelé Syphilus qui aurait été le premier à contracter la maladie pour avoir mis en colère les dieux.

Ce n'est qu'au XIXe siècle que l'affection sera reconnue cliniquement et bien définie dans sa symptomatologie. Avant 1870, rien du contenu des rédigés médicaux ne donne une image angoissante de la syphilis. Elle pose un grave problème de santé publique associée à la propagation vénérienne habituelle. Les traitements à base de mercure sont beaucoup diffusés mais les médecins ont fréquemment des difficultés à convaincre leurs patients de traiter cette maladie peu spectaculaire. Le mercure, remède pluricentenaire, et l'iodure de potassium semblaient capables à eux deux de régler l'ensemble des situations. En réalité, le mercure tuait tout autant que la syphilis elle-même.

La syphilis était une maladie grave pouvant entrainer la mort avant la découverte des antibiotiques. Depuis leur découverte, elle se guérit aisément avec ce type de médicaments. Depuis 1999, la syphilis est en recrudescence en France et dans la majorité des pays, mais elle peut être associée à l'infection par le VIH [2].

Comme pour le VIH, le préservatif ou la connaissance du statut sérologique de son partenaire stable sont les meilleurs moyens de s'en protéger.

Épidémiologie

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) , on aurait dénombré, en 1995, quelques 12 millions de nouveaux cas de syphilis dans la population adulte mondiale. Le plus grand nombre de cas répertoriés sont localisés en Asie du Sud et du Sud-Est, suivie par l'Afrique subsaharienne.

France France

Selon une enquête[3], [4] de l'Institut de veille sanitaire (InVS), la syphilis est en recrudescence en France depuis les années 2000. Dans ce contexte, le ministère délégué à la Santé a décidé de mettre en place une stratégie de prévention sous forme d'actions de communication et d'actions ciblées vers les populations à risque.

Nombres de cas de syphilis en France, 2000-2006
année nombre de cas
2000 37
2001 207
2002 417
2003 448
2004 403
2005 329
2006 455

États-Unis États-Unis

La séroprévalence de la syphilis augmente depuis quelques années dans les grandes villes des États-Unis.

Transmission et stades de la maladie

La syphilis se transmet par des rapports sexuels non protégés (vaginal, anal et bucco génital), par voie sanguine (transfusion ou rarement usage de matériel souillé) et au cours de la grossesse, de la mère à l'enfant.

Incubation de 3 semaines à 1 mois.

Syphilis primaire

Elle n'a pas forcément de signes apparents, et quand ils existent, ils n'apparaissent généralement que 3 semaines après la contamination. C'est une lésion caractéristique des muqueuses nommée le chancre d'inoculation (petite plaie rosée, creuse, propre, atone, à fond induré, à l'aspect cartonné au toucher, et indolore)  : il correspond au point d'entrée de la bactérie. Cette ulcération le plus souvent unique, se retrouve au niveau du fourreau de la verge, sur le gland, dans l'urètre (invisible), au niveau du col cervical (invisible), du vagin, de la vulve. D'autres localisations sont envisageables, anus, amygdales (ce qui fait penser à une angine), lèvres, langue... etc. Cette lésion s'accompagne d'une adénopathie importante, le plus fréquemment unique, mais qui peut être entouré de plusieurs autres plus petites dans la région de drainage lymphatique du chancre (Préfet de l'aine est le qualificatif pour le plus gros ganglion de l'aine). Ces adénophaties sont un peu inflammatoires et indolores.

Les lésions syphilitiques sont toutes extrêmement contagieuses. Le prélèvement à la recherche de la bactérie en est par conséquent facilité.

Syphilis secondaire

Lésions syphilitiques dorsales.

Elle apparaît trois à dix semaines après le chancre. Il s'agit de la généralisation du tréponème par voie sanguine. Elle s'accompagne d'éruptions multiples sur la peau et/ou sur les muqueuses sans démangeaison : c'est la roséole (petites taches rose pâle sur la peau et rouge sur les muqueuses du gland, de l'anus, de la gorge, de la langue, des lèvres). Ces lésions peuvent se voir sur les paumes et la plante des pieds, mais toujours sur le torse ou le dos, ce qui est assez rare pour une éruption dermatologique. Les signes visibles peuvent disparaître même sans traitement, mais la syphilis reste présente dans l'organisme et transmissible.

On retrouve des syphilides, au niveau du visage, des paumes des mains e des pieds, et en périorificiel, petites papules brun cuivrée, polymorphes, particulièrement contagieuses : un simple contact d'une muqueuse syphilitique ou d'une syphilide contre une peau ayant une forme de lésion quelconque (grattage, coupure, brûlure ou autre forme de plaies) suffit à être contaminant.

Il existe d'autres lésions : plaques d'alopécie, plaques muqueuses, adénopathies cervicales et du trapèze, hépatosplénomégalie.

Syphilis tertiaire

Devenue particulièrement rare dans les pays occidentaux. Elle n'apparait qu'après des années de développement.

Elle s'aggrave sérieusement sans traitement par des atteintes cardio-vasculaires, nerveuses (en particulier céphalées intenses et dysarthrie), articulaires. Elle touche l'ensemble des organes généralement, et même soignée à temps et par conséquent non contaminante après traitement, elle peut entraîner des signes secondaires comme les brûlures gastriques du tabès. Des épisodes parétiques transitoires sont caractéristiques (aphasie, hémiplégie, hémiparésie etc. ) Elle augmente aussi sérieusement le risque de transmission du VIH et elle se complique chez les personnes séropositives par une évolution plus rapide et des complications neurologiques plus habituelles.

Moins fréquemment, la syphilis peut atteindre le cœur et les gros vaisseaux (Aorte par exemple) entraînant une insuffisance cardiaque qui peut être mortelle. Les atteintes ostéo articulaires avec des dommages au squelette sont habituels avec fractures spontanées et maux perforants plantaires.

Syphilis latente

Il s'agit de la persistance du tréponème dans certains sites (œil, cerveau, aorte…). C'est une période asymptomatique qui est fréquemment décelée à l'occasion d'un examen sérologique de routine (prénuptial, prénatal, d'embauche…).


Nouvelle classification

La stadification classique a été modifiée, avec une dichotomisation thérapeutique en deux temps :

Neurosyphilis

Elle peut se voir à la forme précoce ou tardive de la maladie.


Sans traitement, de 8% à 10% des personnes atteintes éprouvent des troubles neurologiques importants dix à vingt ans après le début de la maladie (voir Neurosyphilis). Un quart des patients non traités sont victime d'une méningo-encéphalite (Syphilis cerebrospinalis) qui aboutit à la démence (avec parfois une augmentation transitoire des capacités mentales et cognitives des individus contaminés). Des changements extraordinaires dans la sensibilité ou le psychisme ont été décrits au cours de cette phase, mais ils ne sont pas systématiques. L'augmentation excessive de la libido et différentes sortes d'hallucinations ont été rapportées. Les malades peuvent aussi présenter une ataxie locomotrice, dite tabes syphilitique par destruction progressive des racines postérieures ou une dégénérescence des cordons postérieurs de la mœlle épinière qui s'accompagne de douleurs invalidantes avec dysfonctionnements et de pertes de contrôle de la vessie et des intestins. L'évolution se fait vers la paralysie générale. D'autre part des troubles de la circulation ou des dommages au squelette sont habituels. Dans les pays occidentaux ce n'est que rarement que nous observons une telle évolution car les antibiotiques permettent une thérapie suffisante.


Syphilis congénitale

Touchant les enfants au cours du 2e et 3e trimestre de la grossesse, si la mère présente une syphilis primaire ou secondaire, elle peut être fulminante et entraîner la mort du nouveau-né ou se transformer en syphilis latente et entraîner des malformations acquises congénitalement et après l'apparition.

Méthodes diagnostiques

TPHA et FTA se positivent avant le VDRL et restent positifs même après traitement.
Les différents tests sérologiques doivent être utilisés simultanément pour interpréter le statut du patient [5].

Traitement

C'est la pénicilline parentérale qui représente le traitement de choix de la syphilis à tous ses stades. Ce traitement a prouvé son efficacité dès le milieu des années 1940[6]. Au contraire de énormément de germes vis-à-vis des antibiotiques, il n'a pas été retrouvé, depuis, de souches résistantes[7].

syphilis précoce (primo-secondaire)

syphilis tardive


Pour une neurosyphilis, syphilis chez un immunodéprimé (SIDA) la pénicilline G en intraveineuse est recommandée.


En cas de diagnostic de syphilis, il est important que l'ou les partenaires du patient (contemporain (s) ou ancien (s) ) soient pris en charge par un médecin pour qu'un dépistage MST complet soit fait et qu'ils soient traités s'ils sont positifs.

Autre

Cas célèbres d'infection

Bibliographie
  • La Méthode Curatoire de la maladie venerienne vulgairement nommée grosse Vérole et de la diversité de ses symptômes. Arnoul L'Angelier. 1552, Paris, Nicolas Pepingué, 1660
    • C'est le premier ouvrage français sur la syphilis, rédigé par Thierry de Héry

Liens externes

Notes et références

  1. Hull City Council : Home
  2. (fr) Recrudescence Syphilis, 14 novembre 2002, Institut national de prévention et d'éducation pour la santé. Consulté le 28 février 2008
  3. Actualités épidémiologiques sur le VIH, le sida et les IST
  4. Epidémiologie des infections sexuellement transmissibles (IST) en France
  5. Guide to interpretation of serologic tests for syphilis
  6. Moore JE, Mahoney JF, Schwartz W et als. The Treatment of early syphilis with penicillin, JAMA, 1944;126 :67-73
  7. Douglas Jr JM, Penicillin treatment of syphilis, clearing away the shadow on the land, JAMA, 2009;301 :769-771


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